Ali SOIHILI - Président des Comores
3 août 1975 - 13 mai 1978
3 août 1975 - 13 mai 1978
Né à Majunga à Madagascar, Diplômé en agronomie, Directeur de la société de Développement Économique des Comores. Député, puis ministre de l'Équipement et du Tourisme en septembre 1970.
Sensible aux théories socialistes maoïstes et suite à la déclaration d'indépendance, il prend le pouvoir par un coup d'État le 3 août 1975 avec la bénédiction de la France. Celle-ci fait appel à des mercenaires sous le commandement de Bob Denard,
Ali Soilihi devient officiellement président du conseil révolutionnaire en janvier 1976. Aussitôt, il met en place une politique marxiste.
Sensible aux théories socialistes maoïstes et suite à la déclaration d'indépendance, il prend le pouvoir par un coup d'État le 3 août 1975 avec la bénédiction de la France. Celle-ci fait appel à des mercenaires sous le commandement de Bob Denard,
Ali Soilihi devient officiellement président du conseil révolutionnaire en janvier 1976. Aussitôt, il met en place une politique marxiste.
Au cours de son mandat, il essaie de marquer la société en supprimant bon nombre de coutumes jugées rétrogrades, favorise l'émancipation des jeunes et des femmes, légalise l'utilisation du cannabis.
D'importants efforts sur les infrastructures sont également entrepris. Sa modernisation de la société comorienne se fait à l'image de la Révolution culturelle chinoise. Il instaure, à l'image des gardes rouges, des milices lycéennes qui font régner la terreur, agissent en tant que police politique et prétendent exercer elles-mêmes le pouvoir judiciaire.
On ne compte pas les emprisonnements abusifs et les tortures dans les citernes et les camps militaires. La construction des bâtiments publics fut possible grâce aux travaux forcés imposés aux notables et aux opposants. Pendant ce temps, un corps militaire spécial les « commandos mwassis » se livrent à des massacres dans les villages hostiles (Iconi et M'Beni).
D'importants efforts sur les infrastructures sont également entrepris. Sa modernisation de la société comorienne se fait à l'image de la Révolution culturelle chinoise. Il instaure, à l'image des gardes rouges, des milices lycéennes qui font régner la terreur, agissent en tant que police politique et prétendent exercer elles-mêmes le pouvoir judiciaire.
On ne compte pas les emprisonnements abusifs et les tortures dans les citernes et les camps militaires. La construction des bâtiments publics fut possible grâce aux travaux forcés imposés aux notables et aux opposants. Pendant ce temps, un corps militaire spécial les « commandos mwassis » se livrent à des massacres dans les villages hostiles (Iconi et M'Beni).
Le 13 mai 1978, le mercenaire français Bob Denard le renverse à son tour par un coup d'État. Alors qu'Ahmed Abdallah retrouve le pouvoir, Soilihi trouve la mort dans des conditions peu claires, il aurait tenté de s'évader.
La chute de Soilihi provoque des manifestations de joie dans les trois îles (Anjouan, Mohéli et Grande Comore).
La chute de Soilihi provoque des manifestations de joie dans les trois îles (Anjouan, Mohéli et Grande Comore).
Le 29 mai 1978, deux semaines après le coup d’Etat de Bob Denard, Ali Soilihi est assassiné
Le 29 mai 1978, deux semaines après le coup d’Etat de Bob Denard, le soleil se leva au grand matin à Moroni. Soudain, une voiture de marque Datsun(marque de voiture japonaise) quitta le palais présidentiel de Mrodjou(Ntsuddjini) et traversa la ville de Moroni en klaxonnant.
Dans la rue, tout le monde dansait et applaudissait la mort du « mhayini » ou criminel. En s’approchant de la voiture, on voyait un corps inanimé, allongé derrière la datsun, avec des pieds nus. Il s’agissait du corps du Mongozi wahe mapinduzi (le Guide de la Révolution), Ali Soilihi. Tout près de cette voiture, une femme, joyeuse, lança :
" Ye tsi pvode, ye mlaanifu haulwawa ! " (Je suis contente, la personne maudite est assassinée !).
Ensuite, cette voiture se dirigea vers Chouani, le village dont est issue la mère du Mongozi. Les habitants de ce village désertèrent les ruelles, quelques membres de la famille du Mongozi, dont sa mère, étaient présents pour accueillir le corps de leur enfant.
Aujourd’hui, jour pour jour, cela fait trente huit ans depuis que l’ancien président Ali Soilihi est mort.
Je ne suis pas solihiste, et ceux qui prétendent l’être mentent et se trompent. Ali Solihi étaitune forte personnalité politique très atypique et conséquente avec elle-même.
Par son éloquence et sa parfaite maitrise de la rhétorique, il haranguait les foules.
Son franc-parler et sa vision faisaient de lui un homme exceptionnel de son époque. Il était le seul homme politique
postcolonial comorien à pouvoir démystifier, en une phrase, le pouvoir surnaturel de certains chefs religieux :
"Ze kiyemba izo ngizo hule no ungo, kazina humwapizani"
(ces turbans sont loin de Dieu, ils ne peuvent pas vous maudire).
Il était encore le seul à pouvoir définir clairement, en quelques mots, son idéologie politique :
"Haina stiklal ya rengwa ki révolution, yo kaidji uralwa ni mishindji ya shi anda na mila"
(toute indépendance qui est prise sur la base d’une révolution ne peut pas se constituer sur des piliers féodaux).
Par conséquent, Ali Soilihi reste paradoxalement et incontestablement celui qui a beaucoup
marqué l’imaginaire des Comoriens.
Avec le recul, on constate qu’il avait raison : « Ye tareh ndo hakim »(l’histoire est le seul juge).
Enfin, j’en profite pour remercier mon petit frère Steve Biko d’avoir mis en ligne cet hommage vibrant.
Son geste consiste à participer dans le combat pour la notion du devoir de mémoire. Donc, son action est noble !
Ibrahim Barwane - le 30 mai 2016